isabel michaut peintre

5 novembre 2009

Réflexions & sources de méditation …

Filed under: — admin @ 20:53

En peinture, c’est la qualité simple-noble

qui mérite d’être le plus hautement prisée.

Quand la simplicité se fait subtile, toute poussière vulgaire sera lavée.

Seule subsistera une solitude sublime.

Yun Ge, (18-19ème s.)

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A l’avenir, soyez votre propre lumière, votre propre refuge.

Ne cherchez pas d’autre refuge.

N’allez en quête de refuge qu’après de vous-même.

Ne vous occupez pas des façons de penser des autres.

Tenez -vous bien dans votre île à vous,

collés à la contemplation.

Enseignement du Bouddha ( Vème s. av JC )

 

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La méthode de la purification de l’esprit consiste en ceci :

d’abord, se concentrer,

ne pas écouter par l’oreille mais par l’esprit,

ne pas écouter par l’esprit mais par le souffle.

Zhuangzi (IV-III s. av JC)
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Crée en toi le vide, parfaitement !

Préserve ta sérénité pleinement !

Maintiens la quiétude intégralement !

Toutes choses peuvent alors surgir à la fois.

Laozi (VI ème s. av JC)
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Les objets ne sont pas saisis par la perception des sens,

ils sont enclos dans l’habitacle de l’âme,

c’est pourquoi la main ne fait que répondre

à ce que la peinture a saisi dans mon coeur.

Fu Zai (8 ème s.)

 

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Une bonne calligraphie est comme un vol d’oiseau qui surgit d’un bosquet, comme un serpent surpris qui s’enfuit dans l’herbe, comme les fissures qui éclatent dans un mur qu’on ébranle.

Huai-su, moine bouddhiste,adepte de la secte Ch’an (8ème s.)
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(…) On doit beaucoup aux arbres, c’est du reste en les observant que j’ai appris à dessiner.

Pierre Alechinsky
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Le saule

peint le vent

sans pinceau.

Saryû

 

 

 

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Le pinceau

chargé de pensée printanière

rêve d’éclore en fleurs

au point du jour

Chu Ta    (17ème s.)

 

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Le pinceau ira jusqu’à la racine des choses.

Shitao     (17 ème s.)

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M ‘alléger

me dépouiller

réduire mon bagage à l’essentiel

abandonnant ma longue traîne de plumes

de plumages

de plumetis et de plumets

devenir oiseau avare

ivre du seul vol de ses ailes

Michel Leiris

 

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Une nuit calme dans mon ermitage d’herbe,

Je joue seul du koto sans corde.

Son air entre dans le vent et disparaît dans un nuage.

Sa voix se mêle au son du ruisseau.

Elle court dans l’espace et remplit la vallée,

Traversant montagnes et forêts.

A moins d’être sourd d’oreille,

Comment ne pas entendre cette voix unique ?

Ryôkan ( 18 – 19ème s.)


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Ma hutte est cachée dans une forêt profonde

Qui chaque année devient plus impénétrable.

Je n’entends rien des bruits du monde

Sauf, parfois, le chant lointain d’ un bûcheron.

Quand le soleil brille, je rapièce ma robe.

Au clair de lune, je lis des poèmes.

Si vous me permettez un conseil :

Ne perdez pas votre vie à courir

Après tant de choses inutiles.

Ryokan

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Je ne sais si la mer, aujourd’hui,

-azur orné d’innombrables écumes -,

est mon coeur ;

si mon coeur, aujourd’hui

– écarlate parée d’incalculables écumes –

est la mer.

Ils entrent, sortent,

l’un dans l’autre, pleins et infinis,

comme deux touts uniques.

Juan Ramon Jimenez

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la longue journée –

mes yeux se sont usés

à contempler la mer

Taigi

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Les mains disent aux yeux les secrets de l’esprit.

Germain Nouveau

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Je peins d’après des paysages remémorés que j’emporte avec moi – et le souvenir des sentiments qu’ils m’ont inspiré et qui, bien évidemment, sont transformés. […] Je préfère peindre ce que la nature dépose en moi.

Joan Mitchell

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Il faut toujours rechercher le désir de la ligne, le point où elle veut entrer ou mourir.

Henri Matisse

… dessiner des yeux quand on ne peut dessiner avec le crayon …

Ingres

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La ligne est la vie, et comment l’est-elle? Par ses paradoxes : elle se déploie dans l’inconnu tout en maintenant sa cohérence intérieure ; elle se nourrit de la vision sans lui  être fidèle ; elle est parcourue de manques, de soubresauts, d’accidents, et produit pourtant une forme complète ; elle hésite en inventant, invente en hésitant. Et surtout, elle induit toujours, dans sa ténuité, le sentiment de la précarité : fragile et fugace (comme la plante), elle n’apparaît que sur le fond d’un effacement imminent.

Rémi Labrusse

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L’ oeuvre graphique – celle où surgit le mieux le parcours rapide de la pensée et l’aveuglement unifiés.

Antonio Saura

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Chaque trait est habité de sa propre histoire, dont il est l’expérience présente; il n’explique pas, il est l’événement de sa propre matérialisation.

Cy Twombly

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Le dessin prolonge l’acte de la main, et avec elle du poignet, de l’avant-bras, du regard, et finalement du corps tout entier. Contre l’intellectualisation à laquelle on a voulu parfois le réduire, le dessin produit une configuration rythmée du réel naissant du rythme même du corps.

Daniel Arasse

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Le rythme est un mouvement secret de l’âme.

                                                                                                                                   

Que mon œuvre jaillisse d’une façon naturelle, comme le chant d’un oiseau ou la musique de Mozart, sans effort apparent, mais longuement méditée et travaillée de l’intérieur.

Miro

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Armée d’un pinceau, la main s’exerce, s’étonne, va au progrès. Une ligne qui détient à la fois l’idée, l’hésitation, les raccourcis de la pensée et de la décision, l’énergie avec ses accélérations et ses retenues.

                                                                                                                                                                                                                                             Pierre Alechinsky

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Le trait s’interrompt dans l’instant où il est parvenu.

André du Bouchet

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La ligne, (…) surgissement, rafale qui reflue pour rejaillir, propulsion ininterrompue, à l’encontre de la forme construite, ce qui la produit la porte à terme sans la déliter. Son achèvement ne suppose pas une fin, mais au contraire une échancrure – la plus grande déchirure naturellement rectiligne et non inculpable, celle qui laisse entrevoir les attaches secrètes entre deux choses et, partant, des rapports essentiels jusque-là inaperçus, l’identité première du réel avant le mot et qu’on nomme poétique.

René Char

 

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…  sous les yeux de nouveau la

figure naît de la ligne

qui tranche

à ce volume extraordinairement charnu, comme

intact,

l’instant

où de lui-même le peintre se porte au devant du réel,

et celui où le réel à son insu se porte jusqu’à lui

– deux instants distincts subitement confondus,

et la figure sur laquelle je me suis à mon tour arrêté

prend corps comme feu à mes propres yeux …

André du Bouchet

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Il faut vouloir pour voir et cette vue voulue a le dessin pour fin et pour moyen à la fois.

Paul Valéry

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Plus l’artiste regarde à fond, plus s’impose à lui, au lieu d’une image finie et fortuite de la nature, l’image, seule essentielle, de la création comme génèse.

Paul Klee

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Hormis la différence de caractère, définie par les tensions intérieures, et hormis le processus de formation, l’origine de toute ligne est la même : la force.

Vassily Kandinsky

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Ce qui guide la pointe graphique, la plume, le crayon […], c’est l’observation respectueuse d’ un commandement, la reconnaissance avant la connaissance, la gratitude du recevoir avant de voir, la bénédiction avant le savoir.

Jacques Derrida

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L’important est de découvrir en nous […] une écriture intérieure allant à la découverte organique de nous- mêmes ; sans avoir peur de plonger en pleine terre, en pleine eau, en plein feu, en plein air.

Pierre Alechinsky

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L’inspiration est une pensée ancrée dans un corps, et c’est aussi le fait d’inspirer justement ce qui est extérieur, de s’en inspirer, de s’en réjouir, de s’en dilater, et peut-être de pouvoir ensuite l’exhaler sous une forme neuve en le restituant au monde

Marianne Massin

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L’art est de la nature greffée.

Gaston Bachelard

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Pour que je puisse peindre, il faut que tout soit aboli, que je sois vide.

Bram Van Velde

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un pétale tombé

remonte à sa branche

–  un papillon

Bashô

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Si j’aime, admire et chante avec folie

Le vent,

Et si j’en bois le vin fluide et vivant

Jusqu’à la lie,

C’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant

De s’infiltrer par mes poumons et par mes pores,

Jusqu’au sang dont vit mon corps,

Avec sa force rude ou sa douceur profonde,

Immensément, il a étreint le monde.

Emile Verhaeren

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(…) un tableau : de la pensée engloutie dans la couleur et qui montre le bout de son nez.

Pierre Alechinsky

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Tout parle : Et maintenant homme, sais-tu pourquoi tout parle ?

Écoute bien.

C’est que vent, ondes, flammes, arbres, roseaux, rochers, tout vit !

Tout est plein d’âme !

Victor Hugo

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Choses qui échouent

je vis dedans.

Vieux roseaux morts

échoués sur le bord du lac

je m’enroule dedans

je vis dedans un temps.

*

Je peux le faire

ça ne me fait pas peur.

*

Les coquilles échouées dans la rivière,

pas d’escargot dedans.

Toutes nettoyées par l’eau bouillonnante

je vis dedans, un temps.

*

Quelque chose

toute chose

choses qui échouent

je vis dedans.

*

Alors maintenant je me promène

avec des bruits d’eau dans les oreilles.

Bruits de petit ruisseau

bruit de rivière vive

le bruit des vagues sur un lac.

Je marche vers elles.

*

Oh ! Que des choses s’échouent encore

pour que je vive dedans !

Chant des Indiens Crees

Un commentaire »

  1. Bravo!
    magnifiques peintures et sources de méditation non moins appréciables

    Mistigri

    Comment by admin — 22 novembre 2009 @ 19:04

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